Registres paroissiaux et histoire de Saint-Saud
REGISTRES PAROISSIAUX et HISTOIRE de SAINT-SAUD : Conférence du 5 mars
Ecrire une histoire de Saint-Saud
Il est de tradition qu’au moment de la présentation des relevés d’état civil, la commune présente son histoire. Ce n’est pas exactement ce que nous ferons aujourd’hui puisque la conférence de l’an dernier a eu cet objet et que certains thèmes (Agriculture au XVIII°, histoire du tacot, Résistance) ont été présentés lors de diverses séances.
L’heure que nous allons passer ensemble reprendra la partie de notre histoire qui coïncide avec les bulletins qui nous sont présentés aujourd’hui. Mais elle a plus largement pour objectif moins de rappeler l’histoire de notre commune que la manière d’y accéder pour permettre à ceux qui voudront, en s’appuyant dans un premier temps sur les ressources du centre Georges Rocal, de travailler à tel ou tel sujet qui en fait partie, le total aboutissant à une étude de plus en plus approfondie de l’histoire de Saint-Saud. Ne pensons pas trop vite que c’est trop compliqué : la qualité des dépouillements des recensements avec lesquels j’ai pu retravailler en préparant cette intervention m’a une nouvelle fois permis d’en prendre acte. Si vous le voulez bien donc deux temps dans cette intervention : une réflexion sur la manière de travailler l’histoire ; un éclairage d’introduction à la lecture de ces bulletins
I- ECRIRE COLLECTIVEMENT L’HISTOIRE DE SAINT-SAUD
A- Le Sens de la démarche
1° Il faut l’admettre en réfléchissant sur le mot même d’histoire : tous les villages ont un passé plurimillénaire. N’ont d’histoire à proprement parler que ceux dont l'historien l’a écrite. L’historien est celui qui en rendant à chacun la connaissance de son passé le fait entrer dans cette histoire. A son tour cette histoire est un récit du passé, puisqu’il met en ordre les événements que le village a connus et lui donne une certaine physionomie par beaucoup de côtés inscrite dans les monuments qu’on peut dater ou les paysages qui ont été façonnés.
2° L’histoire d’un village n’est pas celle d’une île coupée du monde. On ne peut l’aborder que si l’on fait attention à approcher d’abord l’histoire nationale puis régionale. Car c’est à l’intérieur de ce cadre que l’on peut comprendre deux choses : comment les événements ou les faits mis en évidence sont parfois beaucoup moins originaux que nous le croyons en les jugeant par rapport à aujourd’hui ou il y a 50 ans. Mais à l’inverse l’histoire de France ne nous est compréhensible souvent que par la tournure qu’elle prend dans un cadre familier.
B- Un programme de travail pour le centre
1- A partir de ce constat, imaginons que, dépassant la timidité initiale vous vouliez entrer dans le projet.
La première démarche consiste à se choisir un sujet. Ce sujet a un thème et une période. Imaginons que, ayant repéré que nos ancêtres étaient paysans à Saint-Saud vers 1750 ou 1850 que faire ?
Il faut alors utiliser 3 types d’ouvrages : une histoire de France de cette époque qui nous permet de saisir le cadre général. Si c’est 1850, c’est Louis XV et les innovations de cette époque (circulation des grains, développement du marché parisien, croissance démographique etc..) Si c’est 1850, c’est le second Empire avec ses intenses débats politiques (la Dordogne est bonapartiste mais a voté « rouge »en 1849 ; le chemin de fer se développe (le ministre des transports est périgourdin) ; il y a prospérité rurale mais aussi de fortes mortalités..). Une fois ce cadre connu, on peut regarder des ouvrages sur le monde rural (Histoire de la France rurale …). Il est ensuite intéressant de prendre dans le rayon « histoire du Périgord » d’abord une des histoires générales puis celle de cette période.
2- A partir de là il faut noter ces points intéressants en travaillant en équipe. Je signale que les livres qui sont au centre sont choisis comme enrichissants et lisibles. Si des questions se posent nous sommes quelques uns à pouvoir y répondre.
C- L’accès aux archives
Le projet défini, le cadre général mis en place, vous pouvez alors faire le plus passionnant : la recherche sur documents qui à partir du XVIII° sont en général plus lisibles même s’ils sont le plus souvent manuscrits.
Avant de se lancer dans la recherche il faut savoir repérer les coordonnées de Saint-Saud
a) Depuis 1790, elles ont été peu modifiées. La Dordogne est née le 24 février 1790. Elle était divisée en 9 districts. Saint-Saud faisait partie de celui de Nontron lui-même divisé en 8 cantons dont celui de Saint-Pardoux qui comportait les mêmes communes qu’aujourd’hui à ceci près que –Champs-Romain s’appelait alors Romain.
b) Avec l’Empire on est passé aux arrondissements qui remplacent les districts. Il y en a alors 5 dont celui de Ribérac disparu à la fin des années 1920. Saint-Saud fait partie de celui de Nontron. Le canton ne change pas.
c) En revanche, avant la Révolution c’est plus compliqué.
Saint-Saud est une paroisse qui porte le nom de son chef lieu de seigneurie – châtellenie, La Coussière. Le collateur en est l’abbaye de Peyrouse qui en perçoit la dîme. Sur le plan fiscal, elle appartient à l’élection de Périgueux dans laquelle elle a le numéro. Sur le plan judiciaire le premier juge est le juge de la Coussière qui juge également pour Romain. En 1789 c’est le notaire Nicolas Berger. Le second stade pour les affaires est la sénéchaussée-présidial de Périgueux. Au plan religieux, elle appartient à l’archiprêtré de Champagnac et au diocèse de Périgueux (alors que l'ouest du nontronnais appartient au diocèse de Limoges et à l’archiprêtré de Nontron). Quant au Périgord il n’existe plus administrativement divisé en deux entités ou trois dans tous les grands domaines.
2- L’exceptionnel et le quotidien
§ La recherche en archives pose la question des repères dont on dispose. On peut trouver ainsi des types d’informations plus ou moins pittoresques.
§ Voici par exemple la série B des archives judiciaires. Il y a aux Archives un index qui indique quels articles concernent Saint-Saud et Peyrouse. Tantôt il s’agit de procès de violence comme l’affaire de Verlaine. Tantôt de procès d’intérêt et là nous avons le procès entre la paroisse de Saint-Saud et la communauté de Peyrouse à propos de la dîme. Du même genre relève le procès-verbal de l’état des lieux de l’abbaye au milieu du XVIII°.
§ Et puis il y a les documents administratifs et statistiques. Saint-Saud se trouve alors dans des listes qui concernent par exemple l’impôt : un simple chiffre pour en fixer le montant ou parfois, comme en 1760 assorti de commentaires pour fixer les bases de l’impôt. On pourrait faire entrer dans le même cadre les cahiers de doléances puisque celui de Saint-Saud figure sur la liste.
§ On trouve parfois des documents inattendus : ainsi le recensement de la population sur le cahier du syndic fabricien, Milet-Lage en 1780….
§ Et bien-sûr les données démographiques que constituent les registres d’état civil et les recensements
Avant d’aborder ceux-ci je voudrais vous faire remarquer que j’ai distingué entre le registre des événements et ce qui relève de la vie quotidienne : c’est la vieille distinction entre l’histoire récit et l’histoire question, entre l’histoire bataille et l’histoire du quotidien. Je voudrais aussi vous faire comprendre une approche que vous faites tous les jours : quand vous ouvrez votre Sud-Ouest vous voyez d’abord des événements qui vous concernent comme citoyens du monde, comme français, comme périgourdins, et parfois comme saint-saudais. Il arrive parfois que ce qui se passe chez nous devienne événement régional ou au-delà ce qui nous propulse à la une. Pour faire de l’histoire, c’est pareil. D’abord savoir que nous faisons partie de l’histoire de France, puis régionale à l’intérieur de laquelle nous avons nos propres rythmes de vie.
II- L’HISTOIRE DE LA POPULATION MIROIR DE L’HISTOIRE AU QUOTIDIEN ?
Les documents que nous a remis le Cercle ont, Max Jardon l’a souligné, plusieurs objets. Ils peuvent permettre la recherche de notre famille. Amusons-nous un instant en soulignant la présence nombreuse de la famille Chirac au XIX° siècle ! Difficile d’en déduire qu’ils sont ensuite partis en Corrèze puis à Paris et que l’ancien président serait notre petit cousin. Si nous voulons dépasser ce cadre un peu personnel ou abusivement anecdotique, il faut prendre notre crayon, compter et comparer. Ce peut déjà être passionnant pour ceux qui ont étudié le recensement. Plus l’émargement, vous pouvez dégager l’évolution de la natalité et de la mortalité et comparer avec les chiffres intercensitaires. Vous pouvez aussi analyser comment l’évolution démographique coïncide avec celle de la France ou marque un certain recul. Je vous propose pour ma part trois ou quatre tableaux que permet de faire facilement le document qui nous a été remis, grâce à l’étude statistique à laquelle la démographie historique nous a habitués.
A- Saint-Saud sous Louis XIV et Louis XV : des signes de croissance
1- De quels documents disposons-nous : outre les bulletins paroissiaux que vous avez sous les yeux et qui comportent d’ailleurs quelques passages intéressants, les comptages de l’administration et le nombre des communiants ?
2- Des documents qui nous permettent de cerner la question agricole et la société locale, comme nous l’avons fait en février dernier en évoquant l’agriculture à Saint-Saud au XVIII° siècle.
3- Mesurer les lacunes des documents et en tirer une analyse critique.
A / La fin du XVII° siècle : nous disposons d’une première séquence de registres qui couvre les périodes 1671-79 et 1685-91
a) l’évaluation par le curé donne 2000 communiants. Ce chiffre suggèrerait une population de plus de 2500 habitants, les communiants étant les plus de 11 ou 12 ans. Il n’est pas exclu que le curé force ce chiffre : vicaire perpétuel, il peut tenter d’argumenter pour avoir un vicaire aux frais du décimateur, l’abbaye de Peyrouse. Rappelons que la paroisse couvre 58 km2 quadrillés de ruisseaux et de rivières.
b) les statistiques administratives donnent 504 feux pour 1692 ce qui conduirait à estimer la population à un peu plus de de 2500 habitants.
c) les données de la croissance naturelle font apparaître pour ces 15 années disjointes 1488 naissances et 788 décès, soit par an, une moyenne de 100 naissances par an avec un taux de natalité de l’ordre de 40 pour 1000 et un taux de mortalité annuel (788 décès sur 15 ans) de l’ordre de 23 pour 1000, ce qui est évidemment très faible. Mais il faut préciser que les âges de la mort exprimés en jours, mois ou semaines ne représentent pas 100 sur 788 ce qui relève de la sous-estimation, et amènerait à conclure à une différence décès/naissances de 700 habitants sur 14 ans et une augmentation annuelle de 100-53 soit 2 5% ce qui est évidemment beaucoup. Il reste que cette évolution coïncide avec une période de croissance qui concerne l’ensemble du territoire, mais à un rythme moindre (+2,5% pour la période 1685 à 1692 selon Leroy Ladurie, Histoire des paysans).
La nuptialité fait apparaître une trentaine de mariages par an (de 21 à 35 en 1688). L’endogamie est de règle si l’on considère que dans 3 mariages sur 4 les deux époux habitent la paroisse. Pour le reste dans les 4/5 des cas l’époux non saint-saudais est originaire d’une des 7 paroisses limitrophes dont l’une, Romain, fait partie de la seigneurie et compte 1/5 des mariages limitrophes. Pour le reste on ne dépasse 20 km que dans 3 cas. Et si la règle du carême semble respectée, la prédominance de la période janvier-mars est réelle sans être écrasante et surtout est beaucoup plus marquée en fin de période où l’on passe de 25 à plus de 50%.
B- Le règne de Louis XVI et la période de difficultés démographiques
1-les documents : les mêmes que pour la période précédente + le recensement
2-le cahier de doléances
3-les documents électoraux
B/ Des années 1740 à 1777
Nous avons retenu cette tranche pour deux raisons. La limite d’amont est constituée par la source (ce qui est naturel !). La coupure de 1777 est marquée par l’apparence du changement de mode de notation des sépultures d’enfants.
a) les statistiques administratives : elles montrent un recul du nombre de feux de 504 à 405.Il est vrai que les crises de la fin du XVII sont passées par là. Mais les statistiques n’enregistrent pas ces accidents catastrophiques en Périgord : le chiffre de 504 est repris en 1709, et celui de 498 pour 1713 et 1720. En revanche, elles scandent un recul inexorable de 1720 à 1771 pour passer de 498 à 405. IL est vrai qu’on retrouve le chiffre de 502 pour 1774 ! Peu d’informations donc à tirer sauf à connaître le degré de validité de chacun de ces chiffres.
b) Le nombre de communiants de 1752 confirmerait le recul : 1400 soit 600 de moins qu’en 1692. Ce chiffre est confirmé pour 1770 où il est question de 1400 communiants et 600 enfants.
c) En revanche, la situation démographique de 1740 à 1779 fait apparaître une forte croissance naturelle : 2946 naissances soit 90 par an soit un taux de natalitéde 45 p 1000 et une mortalité de 1763 soit 54 décès, soit un croît annuel moyen de 36 soit de un peu moins de 2 p 100. Reste surtout énigmatique le fait que les chiffres ne mettent en exergue aucune crise démographique et notamment pas dans les années 1740!
d) la nuptialité
Le nombre moyen de mariages au cours de la période est de 24 par an avec une variation qui s’inscrit entre 9 et 41. La période des années 1770 marque une phase déprimée : la moyenne des années 1770-1778 : 145 mariages pour 9 ans. Elle s’inscrit ainsi dans la phase de dépression démographique même si les sous-enregistrements de la mortalité infantile en masquent les effets. Les mariages de la période se déroulent pour la moitié avant carême. L’endogamie reste de règle pour les ¾ des mariages le reste s’effectuant en quasi-totalité avec les paroisses limitrophes.
C/ La dernière période du XVIII° siècle fait apparaître un profil assez dépressif
a) Les chiffres des BMS (baptêmes-mariages-sépultures) donnent pour la période 1778-1792, 1615 décès pour 1498 naissances. Avec 9 années déficitaires, le plus grave étant 1792 avec 187 décès pour 100 naissances. Il reste que l’on n’est pas dans le cas de figure d’une crise démographique-type puisque le total des naissances reste quasi stable autour de 100, seules les années 1778-1779 marquant un fort recul.
b) les statistiques indiquent une population de 2193 en 1790 et de 1654 en l’an II (-539) recul beaucoup plus ample. Il est vrai qu’on relève 1826 habitants au premier recensement.
c) la nuptialité marque une progression cependant, le nombre des années de plus de 30 mariages atteint 6 sur 14 années. En revanche, 3 sont nettement au dessous de 20 (19, 10, 16) les années de la Révolution étant les plus déficitaires.
Le profil de crise démographique d’Ancien Régime n’est donc jamais totalement présent, essentiellement du fait du maintien d’une natalité qui ne s’écarte jamais beaucoup de la moyenne sauf en 1778, 1779 et 1790. Faut-il y voir la résistance d’un pays forestier (châtaigne, gibier, élevage du porc et surtout beaucoup d’eau de source …. ?
B-le premier tiers du XIX° siècle : une histoire démographique très heurtée
III - LE PREMIER TIERS DU XIXe SIECLE
Le bulletin marque une nouvelle lacune de 1792 à 1820. A partir de cette date apparaissent plusieurs périodes. Ce que nous appelons « premier XIXe siècle » de 1820 à 1850. Nous disposons de 2 types d’informations.
1- Le croît naturel fait apparaître un total cumulé de 3 255 naissances pour 2 950 décès soit 1 204 et 95 par an soit des taux qui s’équilibrent au-dessus de 35 p/1000. Dans ce contexte, on peut comparer la différence des 2 recensements (1927 en 1820, 2703 en 1850) soit une croissance de 776 habitants. Cela signifierait que le solde migratoire dépasserait de 400 pour 30 ans le croît naturel. Ne pas oublier que l’on se trouve ici en pays de métayage ce qui peut justifier des mouvements d’autant plus amples que l’on fait appel à des familles nombreuses. Mais ce chiffre est compromis par une forte endogamie : pour la période de la Restauration on compte seulement 1 mariage sur 3 n’unissant pas deux saint-saudais (164 sur 470) et ces mariages étrangers représentent tous des paroisses limitrophes même s’ils concernent un autre département, la Haute Vienne avec Pensol et Marval, le premier limitrophe, le second à une dizaine de kilomètres. Ne pas oublier que l’on parle de Châlus à Nontron rigoureusement le même occitan.
B- LA CRISE DU SECOND EMPIRE MARQUE UNE DEPRESSION DEMOGRAPHIQUE
a) Celle-ci apparaît a travers les recensements : de 2703 habitants recensés l’année du Coup d’Etat, on tombe à 2171 en 1872, soit un recul de 532 habitants et de 20%.
b) Dans le même temps la chute du solde naturel représente 179 habitants (1109 décès pour 930 naissances) pour les années 1850 et 246 personnes pour les années 1860 (2171-2417) soit un total de 425, ce qui supposerait cette fois un solde migratoire négatif.
Bilan : les années de la première moitié du XIXe siècle qui sont marquées par la forte croissance de la population de la Dordogne (on passe de 409.475 habitants en 1801, 453 136 en 1821, et 505 789 en 1851, année du maximum démographique soit une croissance de 24%) sont marquées par des fluctuations fortes et un bilan médiocre : on passe de 1826 à 2171 soit 19%. Ce qui frappe surtout au milieu du siècle c’est un profil démographique où la croissance de la natalité est absorbée par celle de la mortalité et d’abord de la mortalité infantile : les berceaux alimentent les cercueils!
C- La CROISSANCE DE LA 3e REPUBLIQUE
1- Les années 1873 à 1889 esquissent une croissance démographique telle que l’on peut commencer à évoquer la notion de transition démographique
Les recensements montrent de 1873 à 1889 une moyenne de 60 décès par an pour une population recensée à 2332 en 1876 et 2708 en 1791. La croissance intercensitaire est alors de 376 soit une hausse de 17% pendant que le département chute de 5%. On notera que entre les 60 décès et les 100 naissances, la croissance annuelle de 40 donne pour 16 ans 640 d’excédent soit beaucoup plus que le croît naturel : le solde migratoire serait alors de l’ordre de -264 habitants : l’amorce de la crise a probablement multiplié les bras inutiles et dégagé un excédent migratoire.
2-1890-1902 : VERS LE MAXIMUM DEMOGRAPHIQUE
a) C’est en 1906 que Saint-Saud atteint son maximum démographique avec quasi 2800 habitants : c’est la dernière commune du canton à atteindre ce maximum, les premières étant celles déjà du bassin plus ouvertes, Saint-Pardoux et Milhac qui ont atteint ce maximum dès 1886 (30 ans après Périgueux)
b) Cette situation est liée à un fort excédent des naissances : celles-ci ne fléchissent que légèrement pour être ramenées à 86, soit un taux de naissance supérieur à 30 p 1000. C’est la mortalité qui poursuit son repli pour s’installer autour de 50 malgré le niveau encore élevé de la mortalité infantile.
c) Le solde naturel s’établit ainsi à 461 habitants .Mais les recensements montrent que l’exode s’amplifie. Les chiffres des recensements donnent seulement une augmentation de la population de 98 habitants
d) L’analyse de la situation du bourg montre que plus d’un tiers des habitants sont nés hors de la commune : c’est surtout vrai pour les artisans, les fonctionnaires bien sûr curé compris, mais aussi les domestiques. Le bourg atteint alors sa fonction par la part de la population qu’il retient (1/5e environ) et sa spécialisation marquée par le fait que les agriculteurs sont désormais fortement minoritaires.
e) A noter la présence d’une école qui compte 4 instituteurs et la construction de l’école. Mais l’ampleur des classes d’âges indique la masse
BILAN
Saint-Saud est passée de l’époque de Louis XIV à la Belle époque d’une population de quelque 2500 à 2800 habitants. Les deux chiffres rapprochés conduiraient en jugeant rapidement à parler d’ "histoire immobile". La réalité prouve que cette évolution est la conséquence de périodes contrastées, où la variation a porté sur quelque 1000 habitants probablement : entre le creux de 1790 et le maximum de 1906 on est passé de 1800 à 2800. Ainsi la variation porte sur une progression ou un recul d’un tiers à la moitié selon la base de calcul.
Il est certain que seraient plus passionnants les chiffres et les données qualitatives qui ont présidé au passage d’un quasi-désert (5 feux au milieu du XVe selon certaines statistiques) à ce chiffre supérieur à 2000 habitants. Certains contrats soulignent ce contraste pour des parties de la paroisse. Et on comprend quel rôle le métayage a pu jouer dans cette remise en valeur (cf. Tricard pour le Limousin).
Pour le reste, notons que même aux pics de population, on est encore dans un pays de densité qui peu paraître faible (2800 pour 60 km2 cela fait 48) mais qui est en réalité très importante pour une densité rurale du début du XIXe et on peut alors probablement évoquer une surpopulation relative (rapport population-ressources). On pourrait dire qu’on rencontre une transition démographique de pays en voie de développement où la natalité se maintient à un niveau élevé (35 p/1000) quand la mortalité a fléchi : la croissance démographique est le résultat d’une natalité encore maintenue, donc peu de contrôle des naissances. On le reproche parfois aux hommes qui ne sauraient pas se contenir et qui sont affublés du qualificatif de « verrat »(varao en oc). Malgré tout les échanges relèvent encore davantage de la micromobilité (J.P. Poussou) que de phénomènes migratoires qui s’amorcent pourtant au tout début du siècle.
Saint-Saud est entrée tard dans la contribution aux migrations malgré les difficultés économiques. D’où cette pauvreté du début du siècle dont nous avons gardé la mémoire. Il faut cependant faire attention avec cette mémoire : la situation de nos grands-parents n’est pas forcément celle de tous ceux qui les ont précédés et la notion progrès-temps peut nous conduire à une vision faussée (plus on recule, plus on a de progrès à l’envers et donc plus de malheureux : la situation démographique nous conduit peut-être à penser qu’il y a eu des alternances de bien-être et de misère. Ce n’est pas une idée à laquelle nos générations sont très habituées qui vivent sur l’idée de croissance « sociale « même en période de crise économique. L’histoire permet d’entrer dans ce type de débat : c’est la plus belle invitation à l’entreprendre.
ANNEXES
1-Des documents « pittoresques «. Les affaires de la série B. Le cas de Verlaine.
2-Des témoignages sociaux.
Le « recensement » de 1781 (voir la société et l’agriculture à Saint-Saud au XVIIIe siècle…
Sous ce terme nous indiquons un document tiré des registres du syndic fabricien, Millet-Lage, qui à cette date répartit une somme pour la restauration et l’entretien de l’église. A la différence des registres de taille tous sont donc assujettis en principe en fonction de leurs revenus. Ceci dit ce document totalise un peu plus de 300 feux, sensiblement moins que les statistiques n’en indiquent. On peut estimer qu’il exclut ainsi tous ceux ne pouvant payer le minimum, ce qui est une autre indication.
L’image sociale de la paroisse que l’on peut en tirer serait la suivante :
-émerge la famille du marquis de Cumont qui avec 42 livres paye 1/10e du total. Suivent trois familles nobles versant chacune 10 à 11 livres. Ces 4 familles réunies totalisent 75 livres soit 20% des versements
-un second groupe, celui des paysans indépendants se situe entre 8 et 3 livres. Il compte 17 feux et totalise 63 livres.
-un troisième groupe pourrait être celui des paysans à une seule paire de bœufs et des métayers .Il verse entre 1 et 2,5 livres et représente une masse imposante de population : 91 feux.
-Tout le reste, soit 193 feux, paye 45 livres soit 10% du total. Reste quelque 100 ou 120 feux d’indigents. D’où une pyramide des revenus particulière.